Thémis
Définition
Fille de Gaïa et d’Ouranos, Thémis est une Titanide de la mythologie grecque personnifiant l’Ordre et la Norme. Elle s’unit à Zeus, mettant au monde les Hôrai et notamment Dikè qui individualise et explicite – avec ses sœurs Eunomia et Eirénè – les caractéristiques concentrées par sa mère. L’antériorité de Thémis par rapport à Dikè symbolise sa position surplombante ainsi que son caractère englobant. Thémis est aussi un concept juridique dont la matérialisation s’enracine largement dans le monde suprahumain. Son étymologie renvoie à ce qui est posé et établi. La thémis est largement présente dans l’épopée d’Homère dans laquelle elle apparaît comme principe organisateur des communautés humaines. Traditionnellement, elle correspond à la prescription qui fixe les droits et les devoirs de chacun sous l’autorité du chef du génos et sous le regard des dieux (Benvéniste). En réalité, elle recouvre moins l’ordre institué que l’ordre en puissance, moins ce que l’on fait que ce que l’on est capable de faire. Il s’agit d’un principe dynamique posant des limites à l’action humaine. Thémis constitue ainsi une exigence d’ordonnancement et d’équilibre (Rudhardt). Concrètement, les décisions d’autorité sont prises en considération de la thémis. C’est une tradition qui se fait norme et qui oblige aussi bien les rois prescripteurs que les jugements de droit (dikai). Par là-même, la dikè manifeste en pratique la thémis à l’œuvre dans le monde. Si bien que cette dernière forme un véritable droit coutumier – formulé par les préceptes des themistes – garanti par les dieux et régissant toutes choses dans une culture donnée. En somme, thémis représente un filet normatif régulant la vie en société, englobant tous les types de comportement et les maintenant dans les limites nécessaires à la bonne marche du monde (Pirenne-Delforge).
Hésiode conservera la thémis ordonnatrice du cosmos, volonté transcendante qu’il revient aux autorités politico-juridique de comprendre afin d’organiser droitement les rapports que les Hommes entretiennent entre eux mais aussi avec le divin. Néanmoins, le mot dikè va progressivement remplacer la notion de thémis avec le développement des poleis grecques et l’humanisation concomitante de la justice. Malgré ce que l’on pourrait appeler un type d’entreprise de sécularisation du droit, celui-ci ne rompra jamais vraiment ses liens avec le religieux. Il entretiendra toujours certains rapports – aussi distendus soient-ils – avec la sphère supra-humaine.
Références
Sources
1970
Bibliographie
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2000-aujourd'hui
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— Trierweiler (Sophie), « La conception et l’expression d’un droit structuré dans la société homérique à travers les notions de themis et dikê », dans Archimède : archéologie et histoire ancienne, 2017, 4, p.196- 206. [en ligne : https://shs.hal.science/halshs-01589419].
2021
— Benveniste (Émile), « Thémis » dans Le vocabulaire des institutions indo-européennes [1969], vol. 2, Paris, Les éditions de minuit (coll. Le sens commun), 2021, p. 99-105.
— Pirenne-Delforge (Vincianne), « L’équilibre du monde : la themis et Thémis », dans Norme religieuse et questions d’autorité dans le monde grec, Cours du Collège de France, 25 mars 2021. [en ligne : https://www.college-de-france.fr/agenda/cours/norme-religieuse-et-questions-autorite-dans-le-monde-grec-1/equilibre-du-monde-la-themis-et-themis].